25 mai 2014
Rosalie,
Croiser enfin ton regard
après tant de jours, de semaines, de mois, fut presque une épreuve.
En te voyant,
immédiatement mon coeur s'emballa, mes pensées s'affolèrent.
Et, tentant de me
contenir, sous des dehors tranquilles je t'adressai un mot, un seul. Une parole
de pure courtoisie à l'allure anodine. En réalité le feu me dévorait. D'autant
plus fort que la veille, hasard ou prémonition, je m'étais figuré l'éventualité
de ta présence exactement à cet endroit.
J'ai bien vu que, comme
moi, l'apparente froideur te servait d'armure... A moins que -
pauvre naïf que je suis ! - cette
glace en toi ne fût point feinte et que réellement tu étais tel un roc face au
soleil... Laisse-moi au moins croire à mes chers mirages, Rosalie.
Je t'ai suivie des yeux
quelques instants, fébrile, jusqu'à ne plus fixer qu'une ombre au loin. Mon rêve
s'évanouissait dans la foule, je n'avais plus que cette image furtive de tes
traits se mêlant aux formes augustes de la cathédrale : un visage entre ciel et
dalles, entre espoir et pavés.
Un moment après une fois
encore nos pas se rapprochèrent, fortuitement. Mon âme était encore toute
brûlante de toi. Mais l'astre tout de noir vêtu était fuyant, fuyant comme à son
habitude... Tu disparus bientôt dans les hauteurs abbatiales de la cité comme
un fantôme parmi les pierres, une brise dans le lointain.
Je renonçai cependant à
étouffer ma flamme.
Et intérieurement, je
pleurai.