mardi 13 mai 2014

19 - LES FROIDEURS DE MARS

17 mars 2013

Rosalie,

La grêle de mars frappe mon coeur d'une mortelle mélancolie. L'univers entier sombre sous la morne saison et ton visage devient aussi dolent que le ciel : je ne t'oublie pas, même sous la nue triste, agitée. Au contraire, c'est même dans le souffle de la tempête que tes traits viennent enflammer ma mémoire.

Le rêve est ma force, le réel mon épine. C'est parce que je te rêve si proche de moi que tu me sembles si lointaine. Et c'est ça qui est délicieux : la distance, l'inaccessibilité, l'incertitude.

Tu es ma faiblesse Rosalie. Mon doute et ma peine, ma secrète ivresse et mon inquiétude. Ton silence me hante, le son de tes pas me tient en éveil, tes regards me brûlent et je me perds alors dans les exquises arabesques de mes pensées amoureuses...

Si tu ne veux vraiment pas m'adresser ton sourire, destine-moi au moins la plus éloquente de tes gifles. Féroce consolation qui m'agrée, finalement, bien plus qu'une caresse lénifiante. 

Je recevrai comme un serment de fiel ta main sur ma face, sais-tu...

Et que ta paume cinglante résonne longtemps en moi comme un tonnerre de feu mêlé d'impossible amour.

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