8 décembre 2013
Rosalie,
Je pense à toi, toujours. Toi l'étoile
fuyante, moi la pierre solitaire.
Un soleil s'est éloigné de ma vie, je ne
suis plus qu'une lune triste, un astre esseulé dans la nuit, une âme plongée
dans l'ombre.
Je songe à toi, à tes yeux, à tes
sourires, à tes mains que je n'ai jamais pu étreindre, à ton front jamais
caressé, à tes cheveux que mes doigts ont abandonné au vent, à tes lèvres
privées de mes baisers.
Tu t'es envolée comme dans un rêve.
Si je te donne un rendez-vous à la
cathédrale, au coeur de la nuit, follement, à l'insu de tous, viendras-tu ?
Pourquoi serais-tu surprise de me découvrir sous le porche de la cathédrale à
t'attendre pour la seule cause au monde qui vaille ? Puisque tu sais qui je
suis Rosalie...
Ne crains rien, je veux juste te voir, te parler, même à voix basse, trembler avec toi, de froid ou d'amour peu importe, m'enivrer de ce secret, prendre ta main, caresser ta joue, effleurer ta bouche...
Au départ ce fut un jeu, je suppose que tu l'avais deviné. Mais un jeu que je prenais très au sérieux. Pour t'enflammer, faire fleurir en toi d'intimes rêveries, semer dans ton coeur des germes d'amour. Puis le feu que je désirais faire naître en toi a dévoré mon coeur, par ricochet, comme toujours dans ces cas-là... Mais ça, tu ne le sais peut-être pas. Pour moi c'était prévisible depuis le début. Je savais que j'allais me prendre à ce jeu épistolaire, même s'il fut sans cesse à sens unique. Bref, le fait est là.
J'ajoute un détail d'importance : je suis
d'une probité exemplaire, je déteste le mensonge et vis dans l'extrême clarté.
Sache que je ne cache rien de ma démarche à qui tu sais. Elle n'ignore rien de
mes feux à ton endroit. Ne lui en veux pas, c'est moi qui ai tout déterminé,
elle n'est responsable que d’un passif accommodement à la situation, malgré
elle. Elle accepte la chose, sans l'approuver bien entendu. Jamais je ne lui ai
caché quoi que ce soit. Elle sait que je t'écris des lettres d'amour mais sans
chercher à connaître le contenu exact de mes mails à ton sujet. Je te demande
de ne juger que moi seul. Elle a trop conscience qu'on ne peut maîtriser les
battements du coeur qui s'emballe, du mien dans ce cas précis... Voilà ma
justification. Je ne lui suis pas infidèle Rosalie. Je ne veux pas me
compromettre, seulement te parler, être proche de toi, un instant, ce n'est pas
péché, ce n’est pas mensonge, ce n’est pas offense.
Pour ce rendez-vous à la cathédrale, je te donnerai une date, une heure, si tu me réponds, ce qui est encore très improbable je crois...
J'aime les âmes audacieuses Rosalie.
Pourquoi signer ce mail ? Tu connais mon nom, inutile de dissiper les derniers parfums de mystère. Laissons encore planer les vapeurs de l'exquise incertitude.
Une chose est sûre : je t'aime.
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