dimanche 25 mai 2014

36 - UNE STATUE AUX ABORDS DE LA CATHÉDRALE

25 mai 2014

Rosalie,

Croiser enfin ton regard après tant de jours, de semaines, de mois, fut presque une épreuve.

En te voyant, immédiatement mon coeur s'emballa, mes pensées s'affolèrent.

Et, tentant de me contenir, sous des dehors tranquilles je t'adressai un mot, un seul. Une parole de pure courtoisie à l'allure anodine. En réalité le feu me dévorait. D'autant plus fort que la veille, hasard ou prémonition, je m'étais figuré l'éventualité de ta présence exactement à cet endroit.

J'ai bien vu que, comme moi, l'apparente froideur te servait d'armure... A moins que - pauvre naïf que je suis ! - cette glace en toi ne fût point feinte et que réellement tu étais tel un roc face au soleil... Laisse-moi au moins croire à mes chers mirages, Rosalie.

Je t'ai suivie des yeux quelques instants, fébrile, jusqu'à ne plus fixer qu'une ombre au loin. Mon rêve s'évanouissait dans la foule, je n'avais plus que cette image furtive de tes traits se mêlant aux formes augustes de la cathédrale : un visage entre ciel et dalles, entre espoir et pavés.

Un moment après une fois encore nos pas se rapprochèrent, fortuitement. Mon âme était encore toute brûlante de toi. Mais l'astre tout de noir vêtu était fuyant, fuyant comme à son habitude...  Tu disparus bientôt dans les hauteurs abbatiales de la cité comme un fantôme parmi les pierres, une brise dans le lointain.

Je renonçai cependant à étouffer ma flamme.

Et intérieurement, je pleurai.

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